Le Tarot de Marseille
Pratiquer la voyance, résoudre un nœud psychologique, pénétrer les mémoires transgénérationnelles ou s’exercer à la guidance spirituelle…, quelle que soit l'intention que tu y apposes : tu es au bon endroit !
De l'Avoir à l'Être,
De l'extérieur à l'intérieur...
Nous vivons dans un monde où l’AVOIR est roi. AVOIR des compétences. AVOIR du savoir. AVOIR le bon livre pour apprendre à interpréter. AVOIR la bonne formation...
Même dans le domaine de la spiritualité ou de la voyance, on entend : “Il faut AVOIR un don”, “Il faut AVOIR la capacité de voir, de ressentir, de capter…”
Ce mot, souvent chargé de mystère, peut nous faire croire que certains ONT reçu quelque chose de plus. Mais l’AVOIR enferme. Il crée une distance entre soi et l’essentiel. Il suggère que ce que l’on cherche est hors de soi, à acquérir, à mériter, à posséder. Il nous pousse à croire qu’il faut devenir autre chose que ce que l’on est.
ÊTRE, au contraire, ouvre. ÊTRE, c’est habiter sa propre vie. C’est écouter ce qui se murmure à l’intérieur. C’est oser ne pas savoir pour mieux percevoir. C’est se rappeler que tout est déjà là. Comme nous le rappelle Le Bateleur !
Le Tarot ne demande pas d’AVOIR. Il invite à ÊTRE : attentif, présent, vivant. Lorsque l'on est véritablement en lien avec soi, les symboles s'animent, les cartes parlent, les images deviennent chemins.
Et si finalement, apprendre le Tarot, c’était apprendre à ÊTRE ?
Lire le Tarot ne nécessite aucun "don"...
Et je l'affirme haut et fort ! Tu as déjà cette prédisposition en toi ! Tu ne t'en rappelles certainement pas mais, à l'âge de 12 à 16 mois, tu as appris à parler. Du moins, l'apprentissage du langage a débuté à ce moment-là. Pourtant, tu n'étais pas encore à l'école, tu n'as pas suivi de cours, tu n'as pas lu tous les livres qui te tombaient sous la main. Tu n’as eu besoin d’aucun enseignement explicite pour acquérir cette faculté.
Tu as écouté. Tu as ressenti. Tu as répété. Tu as plongé dans le langage comme dans un bain chaud, tu en as deviné le rythme, le goût, la musique, les silences. Et un jour, tu as parlé.
Le langage du Tarot, c’est pareil.
C’est une langue symbolique, vibratoire, poétique. Elle ne demande pas d’être savant — elle demande d’être présent. À ce qui se dit entre les lignes. À ce qui bouge en soi. À ce qui vibre dans l’autre.
Pourquoi cela serait-il différent ici ? Nous savons tous, profondément, comment écouter. Et comment ressentir. Le Tarot ne s’impose pas. Il se rencontre. Et plus tu acceptes d’être pleinement là, sans chercher à posséder quoi que ce soit… plus il devient un miroir, un souffle, une évidence. Revenir à l’instant, à l’écoute, à ce qui respire à l’intérieur. C’est là que commence la vraie perception.
Pourquoi le Tarot est à la fois spirituel, psychologique et divinatoire.
Lorsque j’ai commencé à transmettre le Tarot, j’ai souhaité parler de ses multiples usages : tirage divinatoire, lecture psychologique, guidance spirituelle… Mais très vite, il m’est apparu évident que ces voies ne s’excluent pas. Elles s’imbriquent. Elles se répondent. Elles dansent ensemble.
Car le tArOt est la genèse de l’Humanité et son évolution : Il est le "d’où venons-nous" et le "où allons-nous". Il est mémoire et devenir. Il porte l’Alpha et l’Omega. Le commencement et la fin. La fin et le commencement. Il est ce point hors du temps, le "sans temps".
Le taROt nous retrace sous forme d'images la quête du RO de toutes les mythologies : la quête du Soi, du Saint Graal, du Saint Bol (symbole). En ce sens, il devient le miroir de l’éternité, celui du guide intérieur, celui du divin en soi. N’est-il pas significatif que le mot divinatoire prenne sa racine dans divin ? Dans cette lumière-là, l’intention spirituelle et l’intention divinatoire se rejoignent en une seule voie, celle de la Sagesse, de l’Alignement.
En utilisant la correspondance a=1, b=2, c=3,… z=26, on découvre que la valeur numérique de TAROT est de 74. Tout comme les noms de JESUS et de LUCIFER totalisent chacun 74. Ne serait-ce pas un lien évident avec la perception que nous avons du monde ? La valeur de "bien" et de "mal" que nous donnons aux évènements et aux personnes que nous croisons quotidiennement ? Nos prises de position sclérosée ?
Mais le Tarot ne distribue pas des rôles figés de "bien" et de "mal". Il nous montre la tension du choix, la liberté mouvante, celle que nous explorons quotidiennement dans nos décisions, nos jugements et prises de position. Nous pensons devoir choisir entre ces deux polarités, mais cela reste un point de vue. Ce qui semble juste pour l’un peut être destructeur pour l’autre. Depuis la nuit des temps, nous demeurons partisans "d'un camp" en dépit de l'autre, nous ne voyons qu'une seule face de la pièce qui se joue devant nous, sans en voir le revers. Ce que symbolise ce 74...
- Sur le 7ème arcane, Le Chariot, nous ne voyons pas les pattes arrières des chevaux, ni les jambes du personnage : la réalité est partielle.
- Et sur le 4ème, nous n’apercevons qu’un profil de L'Empereur, assis sur une moitié de trône : ce que nous croyons solide, clair, tranché… ne l’est qu’en apparence.
Ainsi, nous avançons dans la vie comme en équilibre sur une pièce lancée en l’air, guidés par ce que nous appelons libre arbitre, mais souvent bousculés par nos angles morts.
Nous restons "victimes" d'une destinée mouvante au gré de notre supposé libre arbitre, chahutés par le "hasard" symbolisés par les 2 dés arrêtés sur le 1 et le 5 que nous rencontrerons sur le 1er arcane, celui du Bateleur. La somme de ces deux dés donnent 6, chiffre du choix, inconscient à l'étape de l'Amovrevx, car trop jeune (les jambes nues), trop "divisé" (15) pour percevoir le revers de toutes situations. L'Amovreux est l'étape, ce lieu intérieur où chaque jour, nous choisissons. Entre deux voies. Deux réactions. Deux états d’être. Et chaque choix trace le destin que nous récolterons. Destin qui mettra en lumière (Lucifer, le porteur de lumière) ce qui est encore divisé en nous (Diabolos, celui qui divise). Telle est la Loi du Diable, l’arcane 15, sur lequel nous voyons ces deux petits êtres enchaînés, attachés aux polarités, prisonniers du conflit entre lumière et ombre.
Jusqu'à ce que nous prenions conscience que ce n’est pas le destin qui s’impose, c’est le libre arbitre qui oriente...
Alors… Tarot psychologique ou divinatoire ? Et si la vraie réponse était : les deux ?
Le Tarot psychologique éclaire le passé, le monde intérieur, les racines, ce sur quoi l'on s'appuie pour prendre nos décisions. Le Tarot divinatoire, lui, ouvre des possibles, des directions, des mouvements, en fonctions de ces mêmes décisions.
Choisir l’un sans l’autre, c’est comme renier l'une de ses deux mains. La main gauche porte le passé, les lignées, les blessures. La main droite trace l’avenir, les décisions, les élans.
Et c’est en joignant les deux, comme dans la prière, qu’on réunit l’être et le devenir. Car intégrer le passé permet de se réconcilier avec le présent, et préparer l’avenir, c’est cultiver un Être disponible à son chemin.
Ainsi, un voyant ou une voyante ne lit pas des cartes. Il ou elle écoute un vivant. Et ce vivant, à l’instant T, est la somme de tout ce qu’il a vécu, pensé, ignoré, espéré. Et c’est là que le TaroT parle. Non pas pour prédire, mais pour révéler que :
"Il n’y a aucune différence entre ce qui t’arrive et ce que tu es."
Voilà pourquoi le Tarot peut prévoir. Parce qu’il ne montre pas un avenir figé. Il révèle le potentiel de ce que l’on devient.
Ce n’est pas une croyance. C’est une alchimie. Et cette alchimie commence bien souvent… par un choix. Le Tarot nous le murmure dès la première carte, Le Bateleur, avec ses dés figés sur le 1 et le 5.
1, c’est l’incarnation : le "je suis", l’élan de se mettre debout dans sa vie.
5, c’est l’union : celle des sens, du cœur, du vivant relié.
1 + 5 = 6 : L’Amovrevx. Le moment du choix, mais d’un choix encore fragile, car trop jeune pour voir l’envers de chaque chose. Trop divisé pour pressentir l’unité cachée derrière les contraires.
Et c’est là qu’intervient l’arcane 15, Le Diable. Comme une résonance.
1 et 5, encore, mais réunis dans le 15. Non plus deux dés posés, mais un seul arcane, unifié, tendu. Et au centre de cette tension : un chaudron. Le seul du Tarot. Silencieux. Oublié. Mais essentiel. C’est le creuset de l’alchimiste, là où l’on jette tout ce que l’on oppose, tout ce que l’on sépare, pour voir, au fond, ce qui cherche à s’unir. Le Diable, loin d’être l’ennemi, devient alors le porteur de lumière. Celui qui nous montre où nous sommes encore enchaînés… et où notre propre feu intérieur peut nous libérer. Les chaînes ne retiennent alors plus — elles relient. Ce qui divisait devient passage. Ce qui enfermait devient offrande.
Devenu ainsi apte à voir la totalité de toutes choses, l'endroit et son envers, le 15 se transmute en 51. "Saint… quand t’es Un." Diable quand t'es divisé, Saint quand t'es un !
C'est peut-être cela la règle du JEU ? Passer du multiple à l’unité. Ne plus être écartelé entre bien et mal, ombre et lumière, mais devenir un creuset vivant, où les contraires ne s’annulent plus, mais s’alchimisent.
Le 1, j'expérimente.
Le 5, j’unifie.
Le 15, je traverse.
Et le 51… je réalise.
La généalogie du Tarot vivant
I – Le Tarot sans auteur,
Le mystère d’un langage créé pour l’âme.
Le Tarot est une œuvre unique au monde. Pas seulement parce qu’elle fascine, interroge, révèle. Mais parce qu’elle ne porte pas de nom.
Il n’y a pas de signature. Pas de "créateur", pas de date, pas de lieu certain. Seulement un ensemble d’images, venues d’on ne sait où, qui nous parlent encore aujourd’hui,
comme si elles avaient été posées là… en attente de nous.
Trois questions hantent les chercheurs depuis des siècles :
Qui a créé le Tarot ?
Quand est-il né ?
Et d’où vient-il vraiment ?
Chacune de ces questions a soulevé des théories. Italiennes. Égyptiennes. Chrétiennes. Kabbalistiques. Templières. Mais toutes ont une chose en commun : elles tournent autour d’un vide. Un silence. Une faille dans l’Histoire. Comme si le Tarot avait traversé les siècles en se laissant oublier sur le plan matériel, pour mieux survivre sur le plan symbolique.
Et si ce silence était volontaire ? Et si le Tarot avait été conçu comme une œuvre collective et sacrée, transmise dans l’ombre ? Une œuvre qui ne se possède pas, qui ne s’enseigne que d’âme à âme. Une langue codée, sans alphabet. Un chemin de vie, sans maître officiel. Un héritage sans héritier — jusqu’à ce que quelqu’un l’écoute à nouveau.
Car le Tarot ne s’impose pas. Il se laisse traverser. C’est un outil vivant, mais surtout : un témoin. Le témoin d’une tradition plus ancienne que nos écoles, plus vaste que nos religions, plus libre que nos dogmes.
Et peut-être, dans le silence de ses cartes, le Tarot murmure-t-il encore le chant de ceux qui n’ont jamais voulu avoir raison, mais simplement montrer le chemin.
II – Les peuples de l’Esprit,
Ceux qui sculptaient le silence dans la pierre.
Ils n’ont pas laissé de manuels, ni fondé d’écoles. Ils ont transmis par le geste, par la pierre, par l’image. Et surtout : par le chemin.
On les a appelés "Jacques". Peuple discret, enraciné, libre. Constructeurs, tailleurs de pierre, forgerons, guérisseurs, sculpteurs, guérisseurs d’âmes et de formes. Leur science n’était pas livresque. Elle était vibratoire, cosmique, incarnée. Ils étaient les gardiens d’un savoir ancien, issu de la terre, et orienté vers les étoiles.
Ils suivaient le chemin des étoiles, la Via Compostella. Non pas pour "partir", mais pour devenir. Chaque étape, chaque maître rencontré sur la route, chaque symbole gravé était une initiation. Ils bâtissaient des ponts, des cathédrales, des temples... Mais leur plus grande œuvre était intérieure.
Ce peuple de bâtisseurs - compagnons, imagiers, forgerons - n’obéissait ni au roi, ni à l’Église, ni à l’argent. Ils obéissaient à la vie. À l’ordre subtil des choses. À l’alliance secrète entre le corps, la terre et le ciel.
Leur université ? Ce n’était pas un bâtiment, mais un pèlerinage.
Leur bibliothèque ? Les sculptures sur les chapiteaux.
Leurs livres ? Les plans sacrés, les vitraux, et… le Tarot.
Car parmi eux, certains ont compris que l’image parlait plus profondément que le mot. Qu’un trait juste pouvait transmettre un monde. Et que là où la parole pouvait être censurée, le symbole passerait. Ils ont donc gravé, sculpté, dessiné un chemin de vie en images. Pas pour raconter une histoire, mais pour que chacun puisse y retrouver la sienne.
Et lorsqu’est venu le temps de l’inquisition, du silence, du rejet, ils ont caché leurs enseignements dans les cartes. De la pierre à la feuille. De la cathédrale à la main. Le Tarot est devenu refuge.
Il ne restait qu’à attendre. Attendre que des êtres, un jour, le prennent en main non pour savoir, mais pour se souvenir.
III – L’Éveil des Cathédrales,
Quand la pierre chantait le ciel.
Il y a des lieux qui ne se traversent pas, mais qui vous transpercent. Les cathédrales n’étaient pas de simples monuments de foi. Elles étaient des instruments de transformation, des creusets alchimiques, des athanores de l’être où la matière se faisait lumière, où l’homme, dans le silence des voûtes, pouvait sentir son âme respirer à nouveau.
Leurs bâtisseurs ne voulaient pas convertir. Ils voulaient éveiller. Ils savaient que la pierre est vivante, qu’elle capte, qu’elle transmet. Que la forme n’est pas décor, mais porte. Que la voûte élève, que la rosace rayonne, que le labyrinthe enseigne. Ils savaient que l’architecture, bien plus qu’un abri, est une écriture énergétique. Et que celui qui entre en conscience dans une cathédrale n’y ressort jamais tout à fait le même.
Chaque cathédrale, et surtout celles dédiées à Notre-Dame, était une réponse vibratoire à une constellation céleste. Les bâtisseurs traçaient au sol ce qui brille dans le ciel, reliant l’homme au cosmos, la terre au divin, le corps au mystère.
Mais cet éveil n’était pas que spirituel. Il était aussi politique, sensoriel, collectif. Un peuple pouvait s’y rassembler, prier, ressentir, vibrer à l’unisson d’un lieu conçu pour ouvrir le cœur.
C’était cela le rêve des chevaliers-bâtisseurs, ceux qu’on nomma plus tard Templiers, ou compagnons, ou hérétiques. Offrir à tous un lieu où l’on puisse expérimenter, sans dogme, sans livre, l’union entre le visible et l’invisible.
Mais ce rêve fut brisé. Quand l’Église institutionnelle reprit la main, ces édifices furent détournés. La magie de l’éveil devint spectacle de la peur. L’élan de l’âme fut remplacé par la soumission. Le rituel devint théâtre. L’initiation devint doctrine.
Et ceux qui avaient conçu ces lieux pour libérer l’être, découvrirent qu’ils étaient devenus des lieux de captivité émotionnelle. C’est là qu’ils comprirent que leur savoir devait survivre ailleurs. Plus discret. Plus mobile. Plus indestructible. Alors ils transformèrent leur art. De la pierre… ils passèrent au papier. De la cathédrale… à la carte.
IV – La Chute et l’Exil,
Quand le feu s’abattit sur la mémoire.
Il y a des savoirs qui éclairent. Et d’autres que certains veulent éteindre.
Au tournant du XIIIe siècle, ce n’est plus seulement une époque qui bascule, c’est une vision du monde que l’on cherche à faire disparaître. Les cathares, les guérisseurs, les compagnons du roman, les bâtisseurs de l’âme, tous ceux qui parlaient directement au cœur, sans intermédiaire, sans hiérarchie, sans peur, deviennent des cibles.
Le savoir ancien devient soupçon. La sagesse vécue devient hérésie. Les flammes des bûchers remplacent la lumière des étoiles. L’Inquisition, instrument du pouvoir religieux,
s’abat comme une nuit sur le Sud de la France, et avec elle, une tentative d’effacement : effacer le souvenir d’un peuple de connaissance, effacer l’empreinte d’une science de l’âme, effacer les signes de liberté. Mais tout ne peut être brûlé.
Les bâtisseurs, les "Jacques", entrent dans l’ombre. Ils cachent leurs lignées, dissimulent leur savoir, changent de noms. Certains émigrent vers l’Orient, d’autres s’enfoncent dans les montagnes. Ils deviennent les Cagots, les Crestins, les exclus, porteurs d’un art que personne ne doit voir, mais que personne ne peut détruire.
Leur science sacrée se glisse alors dans les marges : dans les chapiteaux, les manuscrits enluminés, et surtout… dans un nouvel objet : le jeu. Un jeu de figures. Un jeu d’images. Un jeu de silence. Un jeu capable de traverser les siècles sans jamais dire son nom.
C’est là que le Tarot prend naissance, ou plutôt, c’est là qu’il devient refuge. Un refuge de symboles, un sanctuaire mobile, une cathédrale portative où chaque lame devient une arche, chaque arcane, un seuil, chaque tirage, une procession intérieure.
Le Tarot est né de la chute d’un monde, mais il a été porté par l’exil d’une mémoire. Celle de ceux qui, en perdant leur terre, ont semé une graine dans l’invisible, et laissé un héritage pour l’âme de demain.
V – L’image comme refuge,
Quand le symbole devient sanctuaire.
Quand les mots deviennent dangereux, quand les temples sont profanés, quand les chants se taisent… l’image reste.
Car l’image n’accuse pas. Elle ne prêche pas. Elle suggère. Elle parle à qui sait voir, et se tait devant ceux qui veulent ignorer.
C’est ainsi qu’après l’exil des bâtisseurs, après la chute des cathédrales vivantes, le Tarot est né non plus comme un lieu, mais comme une langue silencieuse, une connaissance qui s’adapte au regard.
Les imagiers, héritiers des anciens compagnons, ont troqué la pierre contre le bois, les vitraux contre des traits d’encre, les grands édifices contre de petites cartes que l’on tient dans la main.
Mais rien n’a été perdu. Car chaque carte du Tarot est un temple miniaturisé. Une porte, un symbole, un archétype, conçu pour réveiller un souvenir plus que pour enseigner une vérité.
Chaque ligne, chaque couleur, chaque posture… est une vibration pensée. Une écriture du dedans, transmise de maître à compagnon, non pour imposer un savoir, mais pour provoquer une résonance.
Ainsi, dans les temps d’obscurité, le Tarot devient refuge, mais aussi résistance. Une résistance douce, secrète, vivante. Un feu sous la cendre. Un chemin dissimulé sous les apparences d’un jeu.
Et ce jeu, à l’apparente simplicité, cache en réalité une architecture sacrée. Car chaque carte du Tarot, qu’on l’appelle arcane, lame, ou figure, n’est pas qu’un dessin. C’est un miroir fractal de l’âme humaine. Un fragment d’initiation. Une clef qui ne cherche pas à ouvrir le monde, mais l’être.
Ainsi, l’image devient refuge, non pas pour fuir le monde, mais pour y revenir transfiguré.
VI – Les Noms Cachés,
Quand les maîtres se masquent pour transmettre.
Dans les méandres de l’histoire, certains noms brillent discrètement, comme des pierres de gué sur le fleuve du temps. Des noms simples. Des prénoms modestes.
Jean. Jacques. Nicolas. Payen. Conver. Noblet. Dodal. Viéville.
Des noms que l’on pourrait croire ordinaires… Mais qui ne le sont pas. Car dans l’ombre des cartiers et des imagiers du Tarot de Marseille, se cache un code. Une trace invisible, laissée par ceux qui ne pouvaient plus parler, mais qui refusaient d’abandonner la mémoire.
Lorsque l’Inquisition interdit, que l’Église récupère, que le savoir devient suspect, il faut se fondre dans la foule. Porter des noms communs. Se faire discret pour continuer à transmettre.
Alors ils prennent le nom des Jean des villes, et des Jacques des campagnes. Comme des clins d’œil au peuple ancien, aux bâtisseurs du dedans. Et parfois, dans un geste plus audacieux, ils glissent des indications subtiles :
- Jean Payen, l’Avignonnais, dont le nom évoque la païenneté consciente, comme un écho à un savoir préchrétien, enraciné dans la terre.
- Jean Dodal, le Lyonnais, dont le nom sonne comme une anagramme voilée, un masque d’imagier au service du symbole.
- Jean Noblet, installé à Paris, au cœur du quartier noble, messager d’un Tarot raffiné, destiné à une noblesse en quête d’esprit.
- Jacques Viéville, peut-être le plus parlant, "le vieux de la ville", le sage déraciné, l’ancien des campagnes exilé dans la pierre urbaine.
- Et enfin, Nicolas Conver, sans Jean ni Jacques. Peut-être le dernier. Son prénom, "Nicolas", évoque une origine étrangère, peut-être germanique. Son nom, "Conver", semble dire : converti. Mais converti à quoi ? À qui ? Peut-être à la survie du savoir. Peut-être à la disparition nécessaire. Car à son époque, le feu est retombé. Le fil de la transmission directe s’éteint doucement.
Ces noms sont plus que des signatures d’imprimeurs. Ils sont des clés codées, des balises posées sur une carte invisible, celle d’un peuple de l’ombre, qui a laissé, sur chaque lame, un fragment de sa conscience.
Lire ces noms, c’est entendre un murmure : “Nous avons transmis ce que nous pouvions. Maintenant, c’est à vous de voir.”
VII – Le Tarot, Chemin de Vie
Marcher carte après carte vers le cœur de soi
Il y a des cartes qu’on tire. Et d’autres qui nous appellent. Le Tarot n’est pas un jeu figé. C’est une carte du vivant. Un voyage. Un rite. Un pèlerinage. Ce n’est pas encore un outil pour prédire le futur, mais une boussole pour retrouver l’instant.
Les anciens l’avaient compris. Ils savaient que la vie est un chemin d’initiation, et que chaque être humain, au fil de ses jours, traverse des portes invisibles. Ces portes, ce sont les arcanes majeurs.
Il y en a 22.
22 comme les lettres sacrées,
22 comme les étapes d’un voyage intérieur.
Du Bateleur au Monde, du premier geste créateur à l’accomplissement total, le Tarot trace une spirale : celle de l’âme en mouvement.
Chaque arcane est une voix. Un fragment d’archétype. Un miroir tendu à celui qui ose regarder.
Le Tarot nous parle de choix, de chutes et de renaissances, de ruptures, d’élans, de silences fertiles. Il ne juge jamais. Il révèle.
Et surtout, il ne se contente pas d’être lu. Il nous lit. Il connaît les détours que notre mental emprunte. Il sait où nos blessures se cachent. Il trace des lignes là où nous voyons encore du chaos.
Et plus nous marchons dans ses images, plus nous découvrons qu’il ne s’agit pas de comprendre. Il s’agit de se souvenir.
Souvenir que nous sommes tous passés par la Maison-Dieu. Que nous avons tous croisé la Papesse. Que le Mat vit encore en nous. Et que le Monde… n’est pas une fin,
mais un retour conscient au centre.
Le Tarot ne donne pas de pouvoir. Il le rend. Il remet l’être face à lui-même, et lui souffle doucement :
"Tu n’as jamais été perdu. Tu étais simplement en chemin."
VIII – L’Écoute Retrouvée
Quand l’intuition redevient langue maternelle
Il y a, en chacun de nous, un lieu que le bruit n’atteint pas. Un sanctuaire silencieux. Un centre oublié. C’est là que le Tarot murmure.
Pas pour informer.
Pas pour expliquer.
Mais pour réveiller.
Car lire le Tarot, au fond, c’est réapprendre à écouter. Non pas écouter l’extérieur, les croyances, les interprétations toutes faites… Mais écouter le battement vivant en soi. Cette vibration subtile qui sait, avant les mots, avant les jugements.
Là où l’on a appris à « avoir raison », le Tarot nous apprend à ressentir juste. Là où l’on a appris à accumuler, il nous invite à revenir à l’essentiel. À l’être. À l’instant. À l’intuition.
C’est une langue qu’on n’apprend pas par cœur.
C’est une langue qu’on apprend par le cœur.
Comme l’enfant qui, sans grammaire, découvre la parole. Comme le pèlerin qui, sans carte, suit les étoiles. Comme le rêveur qui comprend sans analyser.
Et si cette écoute intérieure, longtemps oubliée, méprisée, rationalisée, était le vrai centre de notre intelligence ?
Et si le Tarot était là, justement, non pour apporter des réponses, mais pour rouvrir cette voie d’écoute ? Non pas pour prédire, mais pour permettre.
Permettre une rencontre.
Permettre un alignement.
Permettre un retour au Vivant.
Ainsi, les cartes ne sont plus seulement des figures. Elles deviennent des seuils. Des seuils qui s’ouvrent quand l’oreille se tait, quand le mental s’incline, quand l’être devient simplement présent à ce qui est.
Le Tarot n’est pas une vérité. C’est un chant sacré qu’on entend à l’intérieur lorsqu’on se rappelle enfin qu’il n’y a rien à prouver, seulement à être.
Et si, en prenant une carte entre nos mains, nous reprenions aussi notre mémoire, celle d’un peuple d’âmes, d’artisans, de rêveurs silencieux, qui ont laissé dans le symbole ce que les siècles n’ont pu effacer ?
Découvrez ses arcanes et tentez de percer leurs secrets. Chaque carte ou plus précisément chaque lame recèle plein de Mystères et de Sagesse illustrés par des symboles que vous découvrirez au fur et à mesure de votre parcours sur le long chemin initiatique que vous offre le Tarot de Marseille.